Faire diversion…


Diversion. C’est ce qui résume l’essentiel de l’action politique du Gouvernement et du Président de la République ces derniers mois. Toutes les vieilles ficelles se seront succédé pour faire suite au mouvement inédit d’opposition à la réforme des retraites. Diversion, avec le Tour de France express du grand prestidigitateur élyséen. Diversion, avec le remaniement fantoche, simple jeu de chaises musicales interne aux fidèles macronistes. Diversion, avec le retour soudain du « Chef d’Etat », repositionné sur le terrain des relations internationales ou de « grand restaurateur » d’un ordre public secoué par les émeutes. Diversion encore, avec le brainstorming présidentiel, faisant mine d’associer l’ensemble des forces politiques à la construction des réponses politiques dont le pays a besoin. Diversion toujours, avec la fixation depuis plusieurs du débat public sur un sujet « abayadabrantesque » pour mieux se soustraire à la crise profonde que vivent l’école, ses enseignants et personnels. Tout est bon en réalité, pour tenter de masquer les réalités et les priorités auxquelles doivent faire face la grande majorité de la population.

Commençons par l’inflation galopante. Elle frappe de plein fouet les classes populaires. Nous le savons, l’envolée des prix est aujourd’hui avant tout le produit des stratégies de marges financières des grands groupes industriels et de la distribution. Les mois de calinothérapie libérale du docteur Le Maire n’ont fait que prolonger leur impunité. Car les outils pour encadrer les marges injustifiées, et bloquer les prix des biens de première nécessité, sont à portée de décrets. Certains sont même déjà inscrits dans notre droit, comme la mise en place d’un coefficient multiplicateur entre prix d’achat et de vente qui figure dans notre code rural, et pourrait être étendu rapidement étendu à l’ensemble des produits alimentaires.

Que dire des prix de l’énergie, si ce n’est que l’été 2023 figurera sans doute au guiness des records de tous les abandons politiques. Dans l’ombre des vacances, le gouvernement n’aura fait que soutenir les profits des spéculateurs. Fin des tarifs réglementés du gaz pour les particuliers au 1er juillet, alignement progressif des prix de l’électricité sur les prix de marché avec une nouvelle hausse de 10 %, absence totale de réaction face à la flambée des prix des carburants à la pompe poussée par la boulimie de dividendes des géants pétroliers…

Implacablement, le pouvoir fait le choix de la diversion et du service exclusif du capital. Comme ce nouveau tour de vis sur les budgets de l’Etat et de la Sécurité Sociale, dont les contours sont largement masqués depuis le début de l’été. Alors que notre système de santé, nos services publics et nos collectivités territoriales sont à l’os, on se demande bien dans quels moyens essentiels au bon fonctionnement du pays les fanatiques de l’austérité vont pouvoir encore tailler à grands coups de 49-3 !

Le vécu et la souffrance du plus grand nombre ne s’effacent pas à grands coups de communication. Cette stratégie politique confirme, s’il le fallait encore, que le chemin qu’empruntent l’exécutif et sa majorité relative pour poursuivre leur action est particulièrement dangereux. Elle pousse à son paroxysme la provocation sociale, la résignation et le discrédit. Au point que mêmes les plus grandes fortunes de France s’en inquiètent et se mettent à faire preuve d’un peu de « charité capitaliste » pour éviter l’étincelle...



Commentaires