Dans sa réponse à une question que lui posait André Chassaigne ce mardi 5 novembre 2024 sur les plans de licenciements massifs prévus par Michelin et Auchan, le Premier ministre Michel Barnier, a orienté son propos sur l’enjeu « de recréer de l’emploi industriel ». Si, en fidèle homme de droite, il n’a logiquement pas abordé dans sa réponse les choix stratégiques de rentabilité financière de ces deux groupes, il a conclu par ces mots, qui méritent que l’on s’y attarde : « L’offensive doit aussi se déployer à l’échelle nationale au travers de plusieurs initiatives : nous proposerons notamment de créer début 2025 un livret d’épargne industrielle, pour encourager l’épargne des Français à s’orienter l’industrie. Des réponses doivent également être apportées à l’échelle européenne : il s’agit notamment de nous montrer moins naïfs que nous ne l’avons été par le passé… »
Mais de quelle « naïveté » parle donc le Premier ministre ?
N’est-ce pas plutôt l’aveu d’échec du dogme néolibéral européen, dont il a été un des plus fervents défenseurs depuis plus de 40 ans, notamment en étant à deux reprises commissaire européen ?
L’invocation d’une forme de « naïveté » de la politique européenne revient en effet en boucle ces dernières semaines comme nouvel élément de langage des principaux responsables politiques de la droite. Comme souvent, ce sont les plus zélés défenseurs des causes de l’échec qui font mine de ne jamais les avoir embrassées. L’utilisation de ce type de mots creux n’est pas anodin pour essayer de justifier le spectaculaire décrochage économique de l’Europe face aux deux puissances américaine et chinoise.
Au contraire de ces tentatives de simple diversion sémantique, ce dont nous avons besoin, c’est d’une vraie analyse des choix politiques libéraux désastreux qui ont conduit à cet échec, pour gagner demain les changements fondamentaux en matière économique et monétaire qui seuls peuvent nous permettre d’avoir les moyens de redresser la barre.
La très grave crise économique européenne qui se profile appelle en effet des réorientations politiques majeures. Sur ces enjeux de fond, je vous mets le lien vers plusieurs articles et lectures récentes me semblent très utiles et bien poser les choses :
- le très bon édito d’Evelyne Ternant du numéro de la Revue Economie et Politique de septembre-octobre 2024 (numéro lui-même très complet sur la conjoncture économique européenne et le rapport Draghi ;
- un très bon article de Camille Souffron de l’Institut Rousseau sur le rapport Draghi et ses manquements.
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