Changement climatique, menaces sanitaires et environnementales : quel avenir pour la gestion des risques en agriculture ?
Ces dernières années, la nécessité de faire évoluer le cadre de la gestion des risques pour les activités agricoles a occupé une place importante dans les débats sur la pérennité de nos systèmes de production. De la création du régime des calamités agricoles en 1964 à la récente loi portée par le député Descrozaille sur l’assurance-récolte, nous assistons à un profond changement d’orientation politique. Sous l’impulsion de l’Union européenne, et pour coller aux nouvelles modalités de soutien de la PAC, la France vient en effet de renforcer considérablement le poids du secteur assurantiel privé dans la gestion de l’indemnisation des conséquences des aléas climatiques. Mais le cadre de la gestion des risques doit-il se limiter à la question de l’indemnisation de certains aléas climatiques, ou embrasser une vision bien plus large des vulnérabilités de nos modèles de production et de nos structures agricoles au regard de l’ensemble des menaces environnementales et sanitaires ? Les enjeux déterminants que sont l’anticipation, la prévention et l’adaptation font-ils aujourd’hui l’objet d’une véritable politique ?
Une agriculture française toujours plus vulnérable
Rappelons tout d’abord
que le cadre de la gestion des risques en agriculture ne doit pas confondre la
définition de l’aléa, qui est la probabilité de survenue d’un phénomène sur un
espace donné, qu’il soit naturel, technologique ou lié à des choix
d’organisation et d’échange, et la vulnérabilité, qui est le niveau d'effet
prévisible de ce phénomène sur l’activité telle qu’elle est pratiquée. On a coutume
de résumer ces différences par une formule : risque = aléa × vulnérabilité. Ces
définitions préalables ont un sens tout particulier pour le secteur agricole,
dont l’activité est dépendante d’un système complexe incluant les sols, le
climat, le fonctionnement des écosystèmes, les choix technico-économiques et
les modes transformation et de distribution.
Sur le plan climatique tout d’abord, les derniers rapports du Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pointent tous
les risques inhérents liés au réchauffement climatique, avec des impacts
différenciés en fonction des régions et des écosystèmes. Le Rapport spécial sur le changement climatique, la désertification, la
dégradation des terres et leur gestion durable, la sécurité alimentaire, et les
flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres (SRCCL), approuvé le 7 août 2019, confirme
en particulier que la hausse de « la température moyenne au‑dessus des
terres émergées s’accroît presque deux fois plus vite que la température
moyenne mondiale » et que « le changement climatique, avec
notamment la croissance de la fréquence et de l’intensité des évènements
extrêmes, a déjà impacté la sécurité alimentaire et les écosystèmes terrestres
tout en contribuant à la désertification et à la dégradation de la qualité des
terres dans de nombreuses régions ».
A ce titre, l’accélération du
réchauffement climatique ces 10 dernières années nécessite une mise à jour
continue de l’évaluation de ses impacts sur l’activité agricole. Les derniers
modèles et études scientifiques françaises confirment des impacts différenciés
sur les principales productions et selon les régions agricoles, comme l’avait
déjà souligné en 2012 le Livre Vert du projet CLIMATOR, coordonné par l’Institut National de la Recherche
Agronomique (INRA). Ces analyses confirment d’ailleurs la survenue d'évènements
météorologiques de plus en plus intenses. Ces prospectives sont déjà confirmées
par la succession de gels tardifs, d’épisodes de grêle très intenses, de
canicules durables et d’absence de précipitations efficaces sur des périodes de
plus en plus longues que connaît ces dernières années. L’hiver très sec que nous venons de vivre
fait d’ailleurs suite à une sécheresse estivale historique qui faisait suite à
un printemps 2022 déjà très sec. Ce véritable concentré d’aléas n’est en
réalité rien d’autre que la réalisation des anticipations climatiques prévues
par le GIEC.
En revanche, la conduite des
systèmes agricoles français s’en trouve de plus en plus affecté au regard de ses
vulnérabilités. Pour les grandes cultures et les cultures pérennes, on citera
la modification de la disponibilité thermique des plantes, les effets des jours
échaudants avec des températures très élevées, les gels « tardifs »
au regard des dates anticipés de reprise de la végétation, les nouveaux besoins
hydriques liés à l’évapotranspiration, les impacts sur l’état des sols et sur
les jours disponibles pour les travaux agricoles, qui sont autant de phénomènes
entraînant soit des pertes massives et répétées de récolte, soit des baisses de
rendement. Pour les systèmes d’élevage, le stress hydrique accru des prairies
contraint de plus en plus la pousse voire le maintien à long terme de systèmes
prairiaux fonctionnels, avec notamment pour corollaire des décapitalisations importantes
de cheptels.
Tous ces paramètres démontrent combien la gestion des aléas climatiques va s’avérer complexe dans les décennies à venir. Ajoutons à ce tableau que les tous derniers modèles climatiques pour la France[1] soulignent tout particulièrement le risque de vagues de chaleur récurrentes, avec l’absence de précipitations et des températures très élevées, au‑delà de 40°C, mais pouvant atteindre 45°C, voire 50°C, sur une grande partie du territoire.
Sur le plan sanitaire, la pandémie de la covid 19 est
bien sûr dans toutes les têtes. Elle souligne l’ampleur des risques liés aux
zoonoses, maladies infectieuses transmises de l'animal à l'homme. Mais il ne
s’agit que d’une petite partie seulement des aléas liés à la diffusion
accélérée des pathologies animales ou végétales ou à la diffusion des maladies
à transmission vectorielle (moustique, phlébotome, tique, punaise...), souvent
en lien d’ailleurs avec le réchauffement climatique.
Là-aussi, la vulnérabilité de nos
systèmes tient à la fois à leur grande spécialisation et concentration
territoriale, mais aussi à la croissance vertigineuse des importations de
produits agricoles en France ces 20 dernières années. Les politiques d’accroissement
des échanges internationaux ont conduit à complexifier les flux
d’approvisionnement à l’entrée, comme au sein de l’Union européenne, avec la
multiplication des intermédiaires industriels, commerciaux et financiers,
encourageant de fait les défauts de traçabilité, de connaissance des
caractéristiques des produits, de l’origine et des conditions sanitaires,
sociales et environnementales des productions. Ainsi, les différents
« scandales » alimentaires sur l’origine et la composition réelle des
produits, comme l’affaire de la viande de cheval en 2013, ou celle des faux
steaks hachés de Pologne en 2019, ne représente qu’une petite fraction de
l’ensemble des nouveaux risques sanitaires. La pression constante exercée par
les opérateurs par le biais de l’achat de produits agricoles d’importation, aux
normes de productions très inférieures aux standards français, voire européens,
contribue à augmenter les risques sanitaires et environnementaux avec, en
parallèle, des moyens de contrôle public des importations très insuffisants :
maladies animales, organismes nuisibles aux végétaux et aux cultures, diffusion
d’espèces végétales ou animales invasives, non‑respect des interdictions ou des
doses d’utilisation de produits pharmaceutiques, phytosanitaires ou zoosanitaires…
Ces risques sont bien entendus à ajouter à ceux concernant la santé publique et
la remise en cause de notre sécurité et de notre souveraineté alimentaires avec
la croissance des dépendances aux importations pour de plus en plus de
filières.
Les crises à répétition que connaît la filière avicole avec la grippe aviaire constitue un véritable cas d’école de la corrélation entre la croissance des aléas sanitaires et les effets amplificateurs du maintien de systèmes de production très spécialisés, augmentant les vulnérabilités sur un territoire donné. Ainsi, on le voit, le cœur d’un système de gestion durable pour cette filière consiste au moins autant dans les changements d’organisation de la production et de pratiques que dans l’indemnisation au coup par coup, jamais satisfaisante, d’exploitations qui se retrouvent toutes en difficultés.
Terminons ce rapide tour d’horizon
par la présentation succincte de toute une série de risques environnementaux qui devraient être considérés
dans toutes leurs dimensions, avec notamment les pertes majeures de ressource
en eau disponible, les espèces animales et végétales invasives ou avec des
effets de pullulation, l’émergence de nouvelles pathologies en lien avec de nouvelles
conditions climatiques et environnementales, les effets potentiellement
dévastateurs de la perte accélérée de biodiversité, notamment des
pollinisateurs et auxiliaires de culture qui fournissent des services
écosystémiques permettant de faciliter la production agricole ou d’en assurer
les rendements ou la pression aujourd’hui exercée par les grands prédateurs sur
certains systèmes d’élevage.
Tous ces risques mériteraient d’être pleinement reconnus et enfin pris en compte, afin de sécuriser les moyens de prévention et d’indemnisation qui restent insuffisants pour les producteurs souvent lourdement concernés. L’exemple de la gestion globale de la ressource en eau fait indéniablement parti de ces défis environnementaux qui se place très au-delà de l’échelle de l’exploitation agricole, a minima au niveau des grands bassins hydrographiques, voir à l’échelle des grands ensembles géographiques régionaux.
De
la gestion publique et collective des risques
climatiques à l’assurance privée
Si toute l’histoire de
l’agriculture pourrait se résumer à la recherche des moyens de maîtriser les
aléas et leurs impacts sur les productions agricoles, quelques repères récents
permettent de mieux saisir l’évolution politique du cadre de gestion des
risques dans notre pays. La loi du 10 juillet 1964 est un de ces marqueurs
particulièrement fort, puisqu’elle organisait un régime de garantie contre les
calamités agricoles, offrant à l’ensemble de la profession agricole des
garanties minimales d’assurance publique contre les aléas climatiques
exceptionnels. Notons tout de suite qu’à sa création, le régime prévoyait déjà
un soutien à la prise en charge « d’une part des primes ou cotisations
d’assurance » individuelle privée. Ajoutons qu’il incluait aussi dans
la couverture des risques par le régime public « les bâtiments et le
cheptel mort ou vif affectés aux exploitations agricoles ».
En 1968, 1993, 2005, puis surtout
en 2010 avec la loi dite de modernisation de l’agriculture et de la pêche, le
régime des calamités agricoles a été progressivement transformé en dispositif
de gestion des risques en agriculture, avec des champs d’intervention définis
en plusieurs sections d’un Fonds national de gestion des risques agricoles
(FNGRA). La mutation du régime des calamités marque un tournant politique, avec
la volonté d’abaisser progressivement le champ couvert par la garantie
publique, au profit du développement de l’assurance privée. L’arrêté
interministériel du 29 décembre 2010 avait ainsi exclu de l’indemnisation par
le FNGRA les risques considérés comme « assurables », définis comme
les risques pour lesquels il existe des possibilités de couverture au moyen de
produits d’assurance. Cette exclusion concernait par exemple l’ensemble des
risques climatiques sur les grandes cultures et la vigne, le risque de
« grêle » à l’exception des cultures fourragères, les risques
climatiques sur les bâtiments, le risque « foudre » sur le cheptel,
le risque de mortalité due à la chaleur dans les bâtiments d’élevage hors sol...
L’affaiblissement progressif du
volet « calamités agricoles » au sein du FNGRA tient d’un choix
politique, piloté par les exigences libérales de la Commission européenne et
des chefs d’États, appuyé par les assureurs. Les moyens budgétaires dévolus au
régime des calamités ont pris de nouvelles formes depuis 2005 avec d’une part,
le soutien direct du FNGRA « au financement des aides aux développement
de l’assurance contre les dommages causés aux exploitations agricoles »,
c’est‑à‑dire « la prise en charge d’une part des primes ou cotisations
d’assurance » afférentes aux risques considérés comme
« assurables ». L’article L. 361‑4 du code rural et de la pêche
prévoit ainsi une aide publique du FNGRA pouvant être cumulée à une contribution
de l’Union européenne « ne pouvant excéder 65 % de la prime ou
cotisation d’assurance ». Concrètement, les assureurs ont mis en place des
contrats « multirisques climatiques », avec un contrat dit
« socle » depuis 2016, permettant aux exploitants qui y souscrivent
de bénéficier de 65 % de subvention sur leur prime d’assurance. Depuis
2010, les soutiens publics à ces contrats sont aussi assurés par le premier
pilier de la politique agricole commune (PAC) puis sur le second pilier depuis
2015[2].
Malgré les niveaux croissants de
subvention publique de l’État et de l’Union européenne à ces contrats
d’assurance ces quinze dernières années, ce système de prise en charge des
risques agricoles non‑économiques avait démontré son inefficacité. Fin 2021, seulement
31 % des surfaces éligibles étaient ainsi assurées, mais seulement 3 %
pour les filières comme l’arboriculture, et 1,2 % pour les prairies ! L’inadaptation
du système assurantiel privé pour la couverture des risques agricoles tenait
non seulement au fait que ces contrats ne permettaient pas de compenser
efficacement une part significative des pertes (problèmes d’estimations, de franchises,
de seuils de déclenchement…), mais aussi aux capacités financières
insuffisantes de la majorité des exploitants familiaux. Par exemple, pour la
plupart des éleveurs, et même avec de très hauts niveaux de soutien public,
cette assurance restait inaccessible.
Cela n’empêche pas les pouvoirs
publics de continuer à porter l’extension de l’assurance privée comme
proposition centrale d’amélioration de la gestion des risques en agriculture. Ainsi
l’adoption
début 2022 de la loi d’orientation « relative à une meilleure diffusion
de l’assurance récolte en agriculture et portant réforme des outils de gestion
des risques climatiques en agriculture » a consacré ce choix, avec
pour objectif affiché la
généralisation de l’assurance-récolte sur la base d’un financement supplémentaire
par le budget de la PAC qui porterait l’aide publique à la souscription d’un
contrat à 70 %. Ce nouveau cadre a d’ailleurs fait
l’objet d’une large communication de l’Exécutif ces deux dernières années. Il
est censé incarner le nouveau « système de l’assurance récolte français »
alliant « efficacité » et « simplification des règles ».
Il détermine dans les faits, depuis le 1er janvier 2023, trois
seuils différenciés de gestion et d’intervention : les aléas dits courants
assumés directement par les agriculteurs en deçà de 20 % de pertes, les aléas
dits significatifs qui seront pris en charge par la souscription de l’assurance
subventionnée à hauteur de 70 % par les fonds européens pour les agriculteurs
qui font le choix de s'assurer, et les aléas exceptionnels qui déclencheront
une intervention de l’État à hauteur de 90 %, alors que pour les agriculteurs
non-assurés une forte diminution du taux d’indemnisation par l’État est prévue
à hauteur de seulement 45% en 2023, 40% en 2024 et 35% en 2025.
Sans entrer dans le
détail de certains arbitrages sur les contrats proposés par les assureurs en
fonction de la structure des exploitations et de leur production, plusieurs
constats s’imposent. Le système de gestion mis en place s’avère
particulièrement complexe, dominé par les volontés des assureurs, sous
perfusion d’argent public et sous condition de réassurance auprès de la caisse
centrale de réassurance. Il n’apporte aucune garantie supplémentaire
d’accessibilité aux exploitations les plus en difficultés. Par ailleurs, la
pérennité et l’efficacité réelle de ce système devra être évaluée au regard de
l’évolution des impacts climatiques appelés à être de plus en plus forts, et
par conséquent de la stratégie d’évitement possible des prises en charge par
les assureurs qui pourrait s’opérer à long terme sur chaque aléa : d’un
côté, avec la sous-estimation chronique des niveaux de pertes de récolte, avec
des effets de seuil et de traitements individualisés et satellitaires ; de
l’autre, avec le basculement des indemnisations les plus importantes vers la
solidarité nationale en cas d’aléas majeurs. Si les deux principaux assureurs
agricoles français, Groupama et Pacifica (filiale du Crédit Agricole), se
satisfont déjà, comme le Gouvernement, d’une hausse sensible du recours à ces
nouveaux contrats depuis le début de l’année, on comprend bien que l’assurance-récolte
sera à la fois essentiellement à leur main quant aux modalités tarifaires et
d’indemnisation et qu’elle constituera une porte d’entrée supplémentaire pour
le placement d’autres produits d’assurance dans les exploitations et les
familles.
Mais au final, c’est surtout le caractère très limité des couvertures et prises en charges qui saute aux yeux. Ce cadre assurantiel nous semble aujourd’hui désuet au regard de l’ampleur des risques répertoriés et des besoins de réorientation et d’adaptation de nos systèmes agricoles depuis les grandes régions agronomiques jusqu’aux exploitations.
L’intérêt
d’un régime public et solidaire de
gestion des risques
Nous le savons, la non-réversibilité
du changement climatique va entraîner l’émergence de nouveaux dangers et une
hausse de la probabilité de certains aléas particulièrement pénalisants pour
les rendements agricoles et la pérennité de certains agrosystèmes. Conjugué au
niveau sans précédent des échanges internationaux et aux nouvelles menaces
sanitaires, comme la pandémie de covid‑19 vient de le démontrer, ce contexte
appelle à redonner à la sécurisation de notre production agricole et
alimentaire une véritable ambition politique. Le contenu de notre assiette et
l’avenir de celles et ceux qui la remplisse n’est pas une question à prendre à
la légère. En plus d’un cadre de régulation et d’intervention économique apte à
restaurer des garanties de prix et de revenus agricoles, de grands choix
s’imposent pour mettre sur pied un système plus global de gestion et de
prévention des risques. Il doit viser le maintien, la pérennité des structures
agricoles et le renouvellement des actifs agricoles en Europe et en France sur
la base d’une transition durable des systèmes agricoles basée sur l’évolution
des contraintes pédoclimatiques, environnementales, sanitaires et des aléas
météorologiques.
Ainsi, la simple raison alimentaire
commanderait de faire preuve d’anticipation, en mettant à l’agenda politique
agricole les fondements d’un projet public de prévention, d’adaptation et
d’indemnisation du XXIème siècle. Des propositions dans cette direction ont
déjà été présentées devant la représentation nationale[3].
Un tel projet pourrait reposer sur deux piliers complémentaires :
- un premier pilier relatif à l’indemnisation
des calamités résultants à la fois des aléas climatiques, sanitaires et
environnementaux dont le champ doit être progressivement étendu au regard de
leur évolution et des rétroactions déjà existantes entre changement climatique,
menaces sanitaires et modifications environnementales,
- un second pilier relatif à
l’acquisition et la diffusion des connaissances des risques et de leur
évolution, ainsi qu’à la prévention et au soutien des agriculteurs en matière
d’adaptation.
La mise en place d’un tel système
supposerait la création d’un véritable régime public de gestion bénéficiant
:
- de ressources propres, affectées
et évolutives, accompagnant dans la durée les besoins du régime pour assurer
ses différents objectifs en matière d’indemnisation et d’adaptation en rapport
avec la variabilité des aléas,
- d’un fonctionnement démocratisé au sein duquel les premiers concernés, c’est-à-dire les agriculteurs, tiennent le premier rôle afin qu’ils puissent définir et adapter directement les critères et les choix de gestion pour assurer la meilleure et la plus juste couverture possible des pertes subies, tout en activant pleinement le levier de la prévention et de l’adaptation des systèmes agricoles aux aléas.
Nul doute qu’une telle vision de la
gestion des risques est très éloignée des orientations politiques agricoles
actuelles, et qu’elle est très ambitieuse au regard du cadre restreint fixé
pour les années à venir par les pouvoirs publics, en Europe comme en France.
Faut-il pour autant continuer de penser que la réponse aux défis agricoles et
alimentaires de notre siècle pourra se satisfaire des seules logiques de marché
et du transfert de responsabilité vers les seuls arbitrages individuels à
l’échelle de l’exploitation ?
[1] https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-rechauffement-climatique-en-france-sannonce-pire-que-prevu
[2] Conformément
aux Règlement (UE) n° 1308/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17
décembre 2013 portant organisation commune des marchés des produits agricoles
pour le secteur vitivinicole et des fruits et légumes, et au règlement (UE) n°
1305/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au
soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le
développement rural (Feader) pour l’ensemble des exploitations agricoles,
amendé par le règlement (UE) 2017/2393.
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