Notre pays a besoin d’un Parti communiste français à l’initiative

 L’hypothèse d’une crise sanitaire rapide et mondiale n’était pas inscrite dans le logiciel néolibéral. Avec la pandémie, les populations des pays occidentaux ont mesuré très directement les conséquences de 30 années de dérive gestionnaire et entrepreneuriale des systèmes de santé et de soins hospitaliers. La réduction de la dépense publique, année après année, a considérablement affaiblit nos capacités à prendre des décisions fondées en temps et en heure. La mondialisation capitaliste, avec sa financiarisation et sa division internationale du travail toujours plus poussées, ont placé les Etats, comme la France, dans une situation de très grande vulnérabilité : non seulement avec des pénuries de matériels de protection comme les masques, mais plus globalement en plaçant tous les secteurs économiques dans un trop grande dépendance vis-à-vis de la spécialisation internationale, de chaînes de production et d’approvisionnement toujours plus complexes. Dans ces conditions, l’Etat a été contraint de gérer - et continue de gérer - la crise sanitaire, au fil de l’eau, avec les moyens qui lui restent. 

 Pour autant, la perception des Français au regard de la gestion de la crise sanitaire et de la situation sociale et économique qui va en résulter, semble très contrastée. Très peu - trop peu - s’interrogent et établissent le lien, pourtant direct, avec les logiques du capitalisme dominant, ou avec l’affaiblissement des moyens de l’Etat et de l’intervention publique et sociale, sous toutes ses formes. Il n’est qu’à entendre combien de Français demandent à la fois que l’Etat ou les collectivités prennent en charge les nouvelles dépenses de santé ou d’indemnisation, mais demandent dans le même temps de baisser toutes les « charges », pour mesurer l’ampleur du défi politique qui se pose à nous et au pays. 

 Rien ne laisse à penser que les consciences politiques de l’après-crise soient plus vertueuses que celles de l’avant-crise. Et le risque d’une fuite en avant vers les privatisations et la concurrence du tous contre tous est sans doute encore plus grand aujourd’hui qu’hier. Notamment dans les secteurs prioritaires de la santé, de l’éducation, de la recherche ou pour nos outils industriels stratégiques. Certes, l’invention du « monde d’après » génère beaucoup de tribunes, d’appels voire de récits de politique-fiction de personnalités. Mais c’est plus que jamais le capital et ses relais qui maîtrisent l’ordre du jour et les pages du roman-réel de l’après-crise sanitaire. 

 Aujourd’hui comme hier, ce sont les puissances d’argent qui mobilisent les créations monétaires et décident de l’intégralité de leur orientation. Les milliers de milliards d’euros et de dollars qui vont être créés en quelques semaines ne vont toujours pas aller naturellement vers les services publics, l’amélioration des droits des travailleurs, vers la protection sociale, la santé publique ou les investissements vertueux. Ils continuent de ruisseler vers les agents de la spéculation financière et d’alimenter le tonneau des Danaïdes de l’évasion et de la fraude fiscales au service de la caste des multimilliardaires planétaires.  

 Il va donc falloir redoubler d’efforts pour faire le lien entre la situation vécue et la réalité de 30 années d’idéologie libérale appliquée à nos sociétés. Rien n’est acquis. Mais nous pouvons compter sur quelques-uns de nos meilleurs atouts
- cela fait des années que les militants, les élus et les parlementaires communistes bataillent pied à pied sur la question de la santé, de l’hôpital et des EHPAD. Pas une semaine depuis 2017, sans qu’un de nous n’ait été aux côtés des mobilisations des personnels hospitaliers, sans relayer dans les collectivités ou au Parlement l’exigence de moyens humains et financiers. N’ayons pas de retenue : oui, notre Parti a raison, est un repère et un relais fondamental quand il s’agit de défendre l’Humain d’abord. Souvent avant les autres forces politiques. Des masques gratuits. La création d’emplois et la revalorisation salariale des personnels de santé. La création d’un pôle public du médicament et du matériel médical. Le développement de centres de santé publics. Bref, de l’argent pour l’hôpital et pour la santé, pas pour le capital : voilà les mesures prioritaires que nous devons faire aboutir.

- cela fait des décennies que nous défendons les principes du produire Français, de la relocalisation industrielle, de la maîtrise des productions par les salariés eux-mêmes et de la coopération économique entre les peuples. Non seulement pour leurs vertus sociales, mais aussi pour leur efficacité écologique. Trop souvent à rebours des autres forces politiques. Nous le voyons avec le dernier exemple de Luxfer ici, il faudra pousser encore plus cette exigence dans les semaines qui viennent, sur la base de nos propositions concrètes et de rupture, et avec nos outils locaux de diffusion. 

- cela fait des années que nous soutenons contre vents et marées que nos communes et nos collectivités de proximité sont des biens précieux, encore plus précieux quand tout va mal, et qu’il faut leur donner les moyens budgétaires et la liberté d’agir, en s’appuyant sur la force unique que constituent nos 500 000 élus municipaux. Parfois en décalage avec d’autres forces politiques. Si nos communes ont été si réactives, c’est parce qu’elles sont en lien très direct avec la population, et qu’après les premières semaines, elles ont bien compris l’impuissance de l’Etat concernant des sujets pourtant stratégiques comme la pénurie de masques. Elles ont pris le relais, en activant les solidarités locales et en servant de levier de commandes. Avec la crise, beaucoup d’élus locaux ne sont plus dupes des discours de l’exécutif qui ne cherchaient qu’à habiller son désarroi et son incapacité. Mais c’est maintenant qu’il faut imposer de mettre fin à l’austérité budgétaire dont nos collectivités sont victimes depuis trop longtemps avec les baisses de dotations. Il faut gagner dans les semaines qui viennent des engagements très forts en leur direction, notamment en compensant intégralement les dépenses qu’elles ont engagées, et en restaurant leur capacité d’action budgétaire, comme nous l’avons demandé nationalement au travers Ian Brossat, le Président de notre Coopérative des Elus Communistes et Partenaires  et localement avec l’ADECR 63. Les communistes et partenaires qui ont été élus au premier tour, tous ceux qui peuvent l’être lors du second tour des municipales demain, seront ces relais utiles, qui poseront sur tous les territoires ces exigences fondamentales. 



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