Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde...billet d'humeur à l'attention de Monsieur Jean-Charles Hourcade



Sous forme de billet d'humeur, voici la copie d'un mail adressé à Monsieur Jean-Charles Hourcade ce jour. 


Bonjour Monsieur Hourcade, 

Un simple mail en forme de "sursaut" suite à la lecture, au détour d'autres publications, de votre court article publié dans "La Recherche" en février 2019 intitulé "Comment financer la transition énergétique ?"

Vous avez tout à fait raison dans votre conclusion : "Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde" reprenant la célèbre formule prêtée à Albert Camus.
C'est d'ailleurs pourquoi je me permets de la reprendre à l'encontre de la fin de votre article sous-titré "Rediriger l'épargne". 

Comment peut-on à la fin de la démonstration que vous proposez à juste titre dans cet article, sur la nécessité de réorienter les investissements en faveur de la transition énergétique, planter une telle formule, je vous cite : "Le système financier actuel (banques, fonds de pensions, assurances, marchés obligataires) ne sait pas rediriger cette épargne vers des investissements en infrastructures de long terme...

Comment en tant qu'économiste peut-on en arriver à si mal nommer les choses ?

Je tiens donc immédiatement à vous rassurer, tous les agents financiers auxquels vous faites référence savent parfaitement le faire. 
Tous les outils financiers et techniques sont à leur disposition. 
La seule chose, c'est qu'ils ne veulent pas le faire. 
Pour une raison très simple, que vous connaissez parfaitement : la maximisation des profits, cœur du système capitaliste, dont le "coût du capital" ne semble toujours pas devoir être un de vos objets de recherche.

De la même façon, comment affirmer dans ce même article, que pour obtenir cette redirection (des investissements ndlr) cela "implique des politiques publiques pour baisser le niveau de risque des investissements en infrastructures bas carbone" et citer comme piste principale "des garanties publiques" (en direction d'agents économiques privés je suppose ?). 
Mais quelle est cette fable que vous racontez là ? 
Vous parlez peut-être du haut niveau de risque qu'éprouveraient les 100 grandes sociétés capitalistes transnationales qui sont responsables de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre à investir dans la transition énergétique ?  Celles-là même qui lèvent des fonds à taux nuls voire négatifs auprès des banques centrales et bénéficient de centaines de milliards d'euros ou de dollars d’exonérations fiscales chaque année ? 
A vous suivre, leurs actionnaires auraient donc besoin qu'on les rassure un peu plus avec des garanties publiques pour détourner un peu de leur argent des paradis fiscaux et autres placements spéculatifs ? 

Mal nommer les choses, c'est effectivement ajouter au malheur du monde. 
Entretenir la bonne vieille fable du "capital devenu fou", et qu'il suffirait de rendre "un peu plus vertueux" en l'accompagnant "un peu plus", y participe beaucoup selon moi Monsieur Hourcade. 

A vous lire en réponse...

Bien cordialement, 



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