Retrouvez les propositions en faveur de l'agriculture et de l'alimentation de notre liste "Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent" conduite par Ian Brossat, dans le cadre des élections européennes du 26 mai.
L’agriculture répond à un besoin fondamental de l’humanité. Les élections européennes du 26 mai prochain placent l’avenir de la Politique Agricole Commune (PAC) et ses objectifs au cœur du débat sur l’orientation politique de l’UE. Car la PAC est la seule politique européenne coordonnée, avec de vrais moyens (37 % du budget de l’UE). C’est d’ailleurs pourquoi elle est la cible des attaques des libéraux et progressivement défaite par le fanatisme de marché.
L’urgence
est de refonder une grande Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC)
alors que la suppression des quotas et l’ouverture au marché mondial n’ont fait
que renforcer l’agriculture industrielle et un système dominé par les firmes
agroalimentaires en amont et par les grands distributeurs en aval.
Cela
implique une première rupture politique à conquérir aux côtés des actifs
agricoles, de leurs représentants syndicaux et des citoyens européens : la
reconnaissance d’une exception agricole, d’une exclusion du secteur
agricole des accords de libre-échange et l’indispensable besoin d’une coopération
basée sur des objectifs partagés.
A l’opposé, l’horizon qui se dégage
des propositions de la Commission européenne pour la PAC post 2020 est celui
d’une baisse du budget et d’une renationalisation des politiques agricoles.
Le premier risque est de voir s’amplifier encore les concurrences au sein de
l’Union avec des politiques de « compétitivité-prix » aux conséquences
néfastes pour le revenu des agriculteurs mais aussi en matière sanitaire et
environnementale.
Cette conquête d’une vision
commune est indispensable et nécessite que notre projet de future PAC se concentre sur les
enjeux fondamentaux pour l’Europe :
Sortir l’agriculture et l’alimentation de la
concurrence mondialisée
Parce que l’agriculture européenne doit
satisfaire au besoin fondamental de nourrir 510 millions d’Européens, nous
soutenons la nécessité d’exclure le secteur agricole et l’alimentation de la
concurrence mondialisée. C’est la première condition d’une transformation de la
PAC en Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC) consacrant la
« souveraineté alimentaire », la « transition écologique
de l’agriculture » et le « droit à une alimentation de qualité pour
tous les Européens ».
En raison des réformes néolibérales qui se
sont succédées, la politique agricole commune (PAC) est désormais régie par un
modèle agroindustriel qui repose sur le dumping social et environnemental et a
pour unique objet de satisfaire des intérêts financiers. Depuis 1990, alors que
les prix alimentaires ont augmenté de 11% pour les consommateurs, ceux à la production
ont baissé de 15%, d’où l’effondrement des revenus des agriculteurs, inférieurs
au SMIC pour la moitié d’entre eux.
Ø
Proposition n°1/ Mettre fin aux négociations ou ratifications
en cours d’accords de libre-échange.
Une rupture avec tous les accords de
libre-échange ratifiés ou en cours de négociation (11 en cours) est
indispensable. En faisant le choix de valoriser sur le marché européen des
productions importées, en substitution de productions européennes, l’UE atteint
délibérément à l’ensemble de l’agriculture communautaire, aux principes fondateurs
de la PAC de souveraineté alimentaire et à toute ambition de transition agricole
et alimentaire vers des systèmes durables, créateurs de richesse et d’emplois pérennes.
C’est une première rupture politique indispensable.
L’agriculture doit s’affranchir des politiques
libérales et des marchés spéculatifs. Nous portons à ce titre l’émergence d’une
nouvelle organisation mondiale de l’agriculture pour affranchir le
secteur agricole et alimentaire du cadre de l’OMC.
Ø
Proposition n°2/ Exiger le strict respect des principes de
réciprocité et d’égalité en matière sanitaire, environnementale et sociale des
importations.
La croissance des importations
de produits agricoles et alimentaires, sans respect des normes sociales,
sanitaires et environnementales communautaires, porte aujourd’hui atteinte à
l’ensemble des producteurs et des consommateurs européens. C’est un levier puissant
de déstructuration de nos filières et d’une concurrence déloyale sur lequel
s’appuie les grands groupes de l’agroalimentaire, de la distribution et de la
restauration pour faire pression sur les prix d’achat des produits communautaires.
Le principe de respect de la réciprocité et d’égalité des conditions
exigibles pour l’accès au marché européen doit être affirmé, avec de vrais moyens
de contrôle et d’interdiction des importations ne respectant pas les normes
européennes.
Dans le même temps, nous proposons
l’évaluation et l’étude d’impact systématique des choix politiques agricoles
européens sur les pays tiers. Les effets induits, en particulier les
atteintes aux agricultures vivrières des pays du Sud et à la biodiversité,
doivent être pris en compte avant toute décision.
Ø
Proposition n°3/ Assurer l’information des consommateurs en
garantissant la traçabilité par l’étiquetage de l’origine pour tous les
produits agricoles à l’état brut ou transformé.
Nous soutenons la révision
de la règlementation européenne pour garantir l’information des
consommateurs et des producteurs, en imposant l’obligation de la mention
d’origine des produits alimentaires pour tous les produits bruts ou transformés.
C’est une exigence indispensable pour défaire l’opacité qui règne dans les
échanges et une demande très forte des consommateurs comme des producteurs européens
notamment vis-à-vis des productions extracommunautaires importées.
Ø
Proposition n°4/Relocaliser les productions afin de privilégier
des chaînes d’approvisionnement plus courtes, de permettre une meilleure
traçabilité des produits et de soutenir de nouvelles formes de distribution.
Ø Proposition n°5/
Interdire la spéculation sur les productions agricoles.
Ces pratiques prédatrices créent les
conditions de véritables crises alimentaires mondiales comme en 2007-2008. Il
faut stopper la course de vitesse des investisseurs financiers vers les
marchés de produits dérivés agricoles en interdisant la spéculation sur les
contrats à terme et les produits bancaires structurés sur une matière première
agricole (les banques françaises s’en sont largement saisies ces dernières
années).
Un budget européen fort, pour une politique
agricole forte
Ø
Proposition n°6/ Ecarter toute baisse du budget de la PAC.
Depuis 2013 la tendance est à la baisse du budget de la PAC. La volonté
de la Commission européenne, sous pression des libéraux, est d’accélérer cette
tendance pour la période 2021-2027 puisqu’elle ne représentera plus - que - 30%
des dépenses européennes. Pour une politique agricole et alimentaire « commune
» forte, il est indispensable d’écarter toute diminution du budget de la PAC
(- 15 % envisagés à 365 milliards d’€
sur 2021-2027) et le risque associé d’une renationalisation des politiques
agricoles.
Ø
Proposition n°7/ Rejeter toute tentative de renationalisation
des coûts.
Par ailleurs, nous nous opposons au choix avancé par la Commission
européenne d’une très grande souplesse dans les choix de gestion des moyens
communautaires avec notamment des « plans stratégiques nationaux ». Cette
orientation entraînera les États membres dans un cercle concurrentiel sans
règles communes, sans critères exigibles en matière sociale,
environnementale ou sanitaire. Tout le contraire de l’indispensable
harmonisation par le haut !
Assurer une alimentation saine et de qualité
pour tous les Européens
Ø
Proposition n°8/ Définir des objectifs de montée en gamme
des productions européennes en s’appuyant sur tous les signes de qualité et
d’origine et le développement du bio.
L’UE doit porter l’enjeu d’une montée en gamme de toutes les
productions communautaires, d’une meilleure qualité alimentaire et
environnementale, de plus de valeur ajoutée pour les producteurs. Cet enjeu,
très largement partagé, doit se traduire par des engagements concrets.
Nous avons la chance de disposer de premiers outils règlementaires
européens, certes perfectibles mais opérationnels, qui peuvent nous permettre de
mieux valoriser et développer nos signes officiels de la qualité et de
l’origine (SIQO : Label Rouge, Indication Géographique Protégée,
Appellation d’Origine Protégée, Agriculture Biologique) qui sont autant de
points d’appuis pour porter notre vision européenne. La future PAC doit
travailler à des objectifs européens en volumes de ces productions sous SIQO, à
lier avec des objectifs d’incorporation dans la restauration collective ou
hors-domicile par exemple.
Ø
Proposition n°9/ Créer un Fonds alimentaire européen à
l’appui des initiatives des collectivités territoriales, notamment le
développement de projets alimentaires territoriaux et la lutte contre le
gaspillage alimentaire.
Dans le cadre du volet alimentaire de la future PAC, nous portons
l’ambition d’un Fonds alimentaire européen destiné à soutenir les
collectivités publiques et l’ensemble des démarches des territoires s’engageant
pour permettre l’accès à des productions communautaires sous signe officiel
de qualité et d’origine et de proximité. Ce fonds pourrait être alimenté
par un prélèvement sur les bénéfices nets du secteur de la grande distribution,
de l’agroalimentaire, de la restauration hors-domicile et du secteur bancaire
et assurantiel lié à l’agriculture.
Ø
Proposition n°10/ Maintenir le Fonds Européen d’Aide aux
plus Démunis (FEAD).
Le
FEAD a été créé en 2014 suite à l’abandon du PEAD après quatre années de discussions
extrêmement dures au sein de l’Union européenne. Le FEAD doit rester opérationnel
jusqu’en 2020 mais est à nouveau menacé d’abandon. Mécanisme de solidarité
qui permet de fournir une aide alimentaire – c’est-à-dire quarante denrées
différentes, notamment des céréales, des produits laitiers et des conserves –
et matérielle à des associations qui sont au nombre de quatre : le Secours
populaire français, les Banques alimentaires, les Restos du cœur et la
Croix-Rouge française. Ces associations sont aujourd’hui extrêmement inquiètes,
compte tenu des orientations qui sont esquissées et du risque, une fois de
plus, de disparition de cette aide alimentaire au niveau européen. En France,
le FEAD a permis, en 2016, de soutenir 4,3 millions de personnes dont les
moyens sont trop faibles pour acheter tout au long de l’année de quoi manger et
pour respecter un certain équilibre nutritionnel.
Soutenir l’emploi agricole avec des conditions
de travail et de rémunérations dignes
Ø
Proposition n°11/ Mettre en œuvre des outils efficaces pour
garantir les revenus : prix plancher d’achat, réintroduction des quotas.
Il faut mettre un coup d’arrêt à la guerre de
profitabilité que se livrent les grands groupes de l’agroalimentaire et de la
distribution. Arrêtons de tergiverser : cette guerre sape toutes les bases de
revenus justes pour les producteurs, fondés sur des prix d’achat couvrant les
coûts de production.
La mise en place de nouveaux outils en faveur
de garanties de revenus est indispensable. Nous soutenons la définition, avec
l’ensemble des organisations agricoles européennes, de prix planchers pour les
producteurs et de prix plafond pour les consommateurs. Ce
retour de la puissance publique en faveur de l’intervention sur les prix est
indispensable à une politique agricole juste pour les agriculteurs comme les consommateurs.
Nous soutenons également l’adoption de mesures permettant une gestion
dynamique et adaptée des volumes de
production (réintroduction de quotas afin de mettre un terme à la
surproduction, droits de plantation, stockage public).
Ø
Proposition n°12/ Réorienter les aides directes en introduisant
un soutien plafonné à l'actif et une dégressivité par exploitation.
Nous soutenons un modèle d’agriculture familiale et de proximité, riche
en emploi et créateur de valeur ajoutée et de revenus. La réorientation de nos
systèmes d’aides, aujourd’hui tellement complexes que l’administration n’arrive
plus à les octroyer en temps et en heure, doivent viser davantage
d’efficacité pour obtenir des effets structurels, avec pour première
priorité le niveau de l’emploi agricole, en liant les soutiens
directs à l’actif agricole, avec un plafonnement du montant par actif, pour
favoriser concrètement les petites et moyennes exploitations familiales.
Une plus juste une redistribution des aides passe également par le redéploiement
par une dégressivité des aides directes à partir de 50 000€, ainsi
qu’une augmentation de l’enveloppe de la surprime des 52 premiers hectares à 30
%.
Ø
Proposition n°12/Obtenir des soutiens renforcés à l'installation
et la définition d’objectifs européens d’installations agricoles.
Nous
souhaitons favoriser l’installation de jeunes en doublant les montants versés
au titre du plan en faveur des jeunes agriculteurs, de sorte qu’ils représentent
4 % du plafond de crédits.
La
fixation d’objectifs d’installations à l’échelle européenne apparaît
indispensable au regard de la perte de 25 % du nombre d’actifs tous les 10 ans
au sein de l’UE. C’est un enjeu structurel car cela définit à la fois le niveau
d’emploi du secteur mais aussi la capacité à assurer le changement de modèle de
production : sans actifs suffisants, il n’y a pas de transition agro-écologique
possible.
Ø
Proposition n°13/ Assurer un régime d’assurance publique de
protection sociale de haut niveau pour tous les travailleurs de l’agriculture
avec des objectifs d’harmonisation sociale.
La protection sociale
de tous les travailleurs de l’agriculture doit devenir une priorité européenne afin de
s’attaquer concrètement aux dumpings sociaux intra-communautaires. Tout
travailleur agricole européen, salarié ou non-salarié, y compris saisonnier, doit pouvoir bénéficier d’un
système public de protection sociale garantissant une protection adéquate
en cas de problèmes de santé ou de périodes de chômage et pendant la retraite.
Par
ailleurs, nous continuerons de soutenir l’exigence de solidarité à l’égard
des retraités agricoles, avec l’exigence d’une retraite agricole au moins
égale au SMIC en France, assise sur des contributions financières spécifiques
du secteur agroalimentaire, des distributeurs et du secteur assurantiel et
bancaire lié à l'activité agricole.
Ø
Proposition n°14/ Créer une caisse mutualiste publique
d’assurance couvrant l’ensemble des aléas climatiques, conjoncturels et
sanitaires.
Nous
demandons la mise en place d’une caisse mutualiste publique d’assurance
aléas climatiques, conjoncturels et sanitaires et nous rejetons l’extension
du système assuranciel privé pour la PAC post 2020.
Réussir l’indispensable transition
agro-écologique
Ø
Proposition n°15/ Garantir des soutiens renforcés liés aux
handicaps naturels et aux zones défavorisées.
Le
maintien des ICHN est une priorité structurelle pour
compenser les surcoûts et assurer la pérennité des exploitations sur les zones
défavorisées, alors que ces exploitations jouent un rôle primordial dans
l’activité économique et sociale de ces territoires comme dans le maintien de
la biodiversité en zone de montagne ou de piémont.
Ø
Proposition n°16/ Dégager des soutiens spécifiques au
transfert des pratiques agricoles durables sur chaque type de production
(cultures et élevage, avec une prise en compte réelle du bien-être animal)
Ces soutiens doivent viser la réorientation des « modèles » ou «
itinéraires » de production vers des pratiques durables, très économes en
intrants, créatrices de valeur ajoutée et de revenus agricoles, écologiquement
intensifs (protection des sols et de la biodiversité, agroforesterie…), avec
une possibilité de rémunération des services environnementaux.
Un des objectifs doit aussi être de développer la complémentarité élevage/productions végétales avec un
droit à l’expérimentation.
Ø
Proposition n°17/ Relancer un véritable plan de réduction
de la dépendance protéique et de développement des légumineuses.
Il
s’agit de définir, à l’échelle communautaire, les moyens de se libérer de la
dépendance en matière d’alimentation animale et d’importations abusives, en
lien avec des objectifs de préservation des sols. La PAC doit renforcer
les soutiens spécifiques aux cultures de protéagineux et légumineuses.
Ø
Proposition n°18/ Harmoniser les normes environnementales
vers le haut avec le refus du recours aux OGM, un abandon programmé des
substances qui nuisent à la santé et à l’environnement et une stricte égalité
des conditions d’interdiction des produits phytosanitaires.
Au
même titre que les normes sociales, l’harmonisation des normes environnementales
est une nécessité. La priorité doit porter sur les règles d’utilisation et
d’interdiction des produits phytosanitaires utilisées en agriculture, pour empêcher
tout dumping sanitaire et une concurrence déloyale entre Etats avec des
risques accrues sur la qualité sanitaire de l’alimentation comme dans le
secteur des fruits et légumes.
Nous
maintenons notre refus du recours aux organismes génétiquement modifiés (OGM)
et défendons l’élaboration d’un plan annualisé prévoyant l’abandon au niveau
européen du glyphosate et des autres substances qui nuisent à la
santé et à l’environnement, assorti d’aides financières destinées aux
agriculteurs.
Ø
Proposition n°19/ Investir dans un grand plan pour la
connaissance des sols, en vue de garantir le bouclage du cycle de fertilité.
La
prise en compte des sols, de leur fertilité et de leur capacité à assurer une
production durable nécessite la mise en place d’un plan européen spécifique,
doté de moyens propres, permettant de déboucher sur une amélioration dans la
durée des sols agricoles (matière organique, biodiversité).
Ø
Proposition n°20/ Mettre en place un système européen
public pour le patrimoine génétique des animaux et végétaux
Nous soutenons la mise en place d’un système public garantissant que
le patrimoine génétique des animaux et des végétaux appartienne au domaine
public afin d’éviter que les multinationales ne se l’approprient et la
création d’une banque publique de semences et de matériels de reproduction.
Ø
Proposition n°21/ Renforcer la coopération en matière de
recherche agronomique publique et la diffusion des nouvelles pratiques sur les
exploitations.
La coopération de la recherche publique
agricole doit être encouragée, notamment vis-à-vis d’un transfert plus
rapide et soutenu par la PAC de nouvelles pratiques durables visant la
transition agro-écologique.
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