Aux laquais de la fortune
Devant les sans-visages, nul ne se sent trop fort
Pour affronter en face leurs violâtres desseins
Ou l’on choisit l’audace, ou l’on renonce aux siens
Il advint que certains délaissèrent l’effort
Faisant fi du passé comme d’un inconnu
Ils délayaient l’Histoire, sans honte ni retenue
Revisitaient la cause, niaient l’affrontement
Cherchaient la bienveillance dans les yeux des tyrans
« Je n’y ai jamais cru », plastronnait l’important
« Cela n’existe point », renchérissait Madame
Tous deux n’en pouvaient plus de célébrer leur âme
Parvenue au rang noble de ministre savant
Leurs idéaux valsant au gré des forces d’argent
Ils aimaient à se faire convives des banquets
Ou tels les favoris de Neruda, laquais
Ils s’extasiaient des fruits des fortunes de sang
Esthètes de l’abîme, ils enfonçaient leurs gens
Ne trouvant à redire, qu’il était plus que temps !
Embrassant la curée, ils livraient tout aux maîtres
Oubliant jusqu’à ceux qui les avaient fait naître
Leurs troupes, serties de cravates monotones
Donnaient l’assaut, unies contre les misérables
Mobilisant pour elles les artères cathodiques, synchrones
D’où d’affables bourgeois entretenaient leurs fables
La tragédie des frères semblait les amuser
Et les charniers de pauvres, n’être point des charniers
Conduiront-ils l’ivresse jusqu’au lever des armes
Ou jusqu’à faire place, aux brouillards des larmes
Des partageux veillaient à ce qu’aucune haine
Ne vint ternir l’espoir d’une sortie de peine
Impavides gardiens des étoiles communes
Ils souffraient du devoir de souffler l’infortune
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