Sondages mon amour ! Faire dire ce qui n’est pas dit… pour faire contre le peuple !



Sans doute dépassée par l’ampleur du rejet du projet de réforme des retraites du Gouvernement, et plus encore du report de l’âge de départ au-delà de 60 ans, la presse nationale de tendance sociale libérale (Libération, Le Nouvel Obs, L’Express…) a bien du mal à rebondir sur la contre-proposition des socialistes… d’allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans et au-delà pour chaque année d’espérance de vie gagnée. C’est justement de cela que les Françaises et les Français ne veulent pas.

Aussi, il est devenu crucial de servir de nouveaux plats pour la même soupe, en publiant une bonne batterie de chiffres « indiscutables » sur le fait que les Français seraient d’accord avec les manifestants, mais qu’ils souhaiteraient uniquement revoir un peu la proposition gouvernementale qui leur est faite. Les grands analystes de Libération and Co ont bien lu leur petit manuel « d’artefacts ». Ils s’activent à produire une image faussée de la réalité, avec l’aide « objective » du sondage d’opinion. Voilà du pain béni pour le secteur des entreprises de désinformation, que l’on nomme si solennellement « instituts » de sondage. Ils devaient manquer de chiffre d’affaires et ont dû faire une petite promotion à ce côté-là de l’échiquier politique. Peut-être même, un certain Monsieur DSK, y est-il allé de son petit coup de fil, demandant « à pousser l’idée » d’une opinion publique cherchant une renégociation factice et marginale pour permettre à la finance et aux agences de notation de poursuivre sans relâche leur travail de sape.

Ainsi selon Le Nouvel Obs de ce jour « 79 % des français sont pour une renégociation ». Texto dans le titre. Sur quelles bases ? Pas dans la question, on s’en fout. Amen. Même sondage pour Libération : « 79 % des Français veulent qu’on renégocie. » Alléluia. Libération éclaire son point de vue en donnant la parole à la presse internationale qui, bizarrement, pense que les Français ne sont pas vraiment gênés par le contenu de la réforme mais plutôt par la manière dont le Chef de l’Etat s’y prend. Ça c’est l’autre façon de crédibiliser un discours. L’Express est de loin le plus objectif, en précisant que 6 français sur dix souhaitent que le mouvement de contestation se poursuive, avant d’ajouter que 59 % demandent à Nicolas Sarkozy de faire une pause dans la réforme. Une pause dans la réforme ? Mais qui a eu l’idée de poser cette question totalement idiote ? J’anticipe déjà un Nicolas Sarkozy dans une intervention élyséenne présenter aux Français : « Mes chers compatriotes, ce mercredi 20 octobre, je vous ai entendu. Je ne reviendrai pas sur cette réforme responsable, mais à la demande générale à partir de 20 h 32, je vous propose de faire une pause. Je vous remercie. »

En résumé, les sociaux libéraux, en gentils organisateurs responsables, nous proposent de faire « une pause pour renégocier »... Sans doute sur la base d’un système fondé sur la liberté individuelle, un droit à la retraite à 60 ans pour une durée de cotisation de 41,5 ans, réajustable en fonction de l’espérance de vie. Cherchez l’erreur. Hmm. Tout bien réfléchi, non merci !

Au moins la presse de droite, fidèle à sa grande tradition, a le mérite de ne titrer invariablement que sur le faible nombre de grévistes, le blocage insupportable des raffineries qui pénalise l’activité économique, ou les méfaits du désordre public ambiant. On dit souvent, pour imager, que le capitalisme, c’est la liberté du renard dans le poulailler. Je préfère sans conteste connaître le point de vue du renard, plutôt que celui de la poule qui a négocié sa vie avec le renard sans considération de tout le poulailler. À choisir entre Libé et Le Figaro, je choisis résolument Le Figaro, parce qu'avec 100 poules conscientes et liguées contre le renard, je suis certain que le renard n'est plus serein.

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